Trois semaines et trois personnages : le fantôme, le chef et le miraculé. Les violences urbaines qui ont secoué la France ont été le théâtre de luttes souterraines, de tensions et de rabibochages forcés entre les trois principaux personnages de l’Etat : Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. Si la droite sort finalement confortée de ces journées à hauts risques, plébiscitée dans les sondages par une opinion qui la crédite d’avoir ramené l’ordre, son trio de tête ne sera plus jamais le même. En retournant voir les principaux protagonistes, Libération refait le film de cette crise qui a révélé les caractères, aiguisé les appétits, souligné les faiblesses. Trop longtemps silencieux, le chef de l’Etat a confirmé sa difficulté à être en phase avec la société française. Cantonné dans son rôle institutionnel, il a semblé dépassé par les ambitions de Dominique de Villepin et de Nicolas Sarkozy. Le Premier ministre s’est montré habile manoeuvrier et, décidé à être le seul maître à bord, a su imposer ses choix sur l’état d’urgence, au Président comme à son numéro 2. Le ministre de l’Intérieur, lui, a beaucoup risqué dans cette séquence. Accusé d’avoir mis le feu aux banlieues avec ses propos jugés irresponsables et ses conclusions hâtives sur la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois, il est finalement parvenu à renforcer son image en restant ferme sur son positionnement sécuritaire.
Récit de ces jours qui ont transformé les rapports de force au sommet de l'Etat