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Libération
Enquête

La quête du chéri blanc

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Elles recrutent par e-mails ou en gigotant devant des webcams branchées sur l'Occident. Dans un pays gangrené par la pauvreté, ces Camerounaises espèrent «ferrer» un mari et quitter leur pays. Une immigration hasardeuse parfois encouragée par leurs propres parents. Reportage à Yaoundé.
publié le 8 décembre 2005 à 4h51

Yaoundé envoyée spéciale

Sous le regard du président Biya scotché au mur, elles soulèvent leurs corsages, braquent les seins en direction de la petite caméra reliée à l'ordinateur. Vite fait, en silence, dans la lumière moite des néons. Quand Yvette, l'employée de la cyberboutique, est là, elle aide les novices à se positionner : «Baisse un peu le pantalon pour sortir le string, cambre, voilà ils aiment comme ça.» Des insultes fusent en direction d'un client ­ 18 ans maximum ­ qui se retourne sans cesse, choqué, ou fasciné.

Passé 22 heures, les jeunes clientes de ce cyber situé dans le quartier de l'ambassade de France, à Yaoundé, capitale du Cameroun (1) prennent toutes l'option webcam: le Blanc a une réputation d'obsédé sexuel, il s'agit de le ferrer. «Le Blanc dirige d'abord la conversation vers le sexe. Il demande notre position préférée, si on est bi. Ça nous choque, ce n'est pas notre culture de commenter le sexe», explique Yvette. Une «blonde» (décolorée) ultramoulée demande conseil. Son Blanc doit arriver dans un mois. «Ma petite chérie, lui a-t-il écrit dans son dernier mail, je dois repousser notre rencontre. Sache que ce contretemps me met au désespoir, mais je veux convaincre ma mère du bien-fondé de notre union. Elle a été hospitalisée et je dois la ménager.» Elle croit plutôt qu'il en a trouvé une autre, sur place. «A 63 ans, il a besoin de la permission de sa mère pour se marier ? Ça existe en France ?»

Le mariage avec les Européens est devenu la voie la plus sû