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A Sderot, berceau du héros des prolos

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A la tête du Parti travailliste, Amir Peretz, syndicaliste venu du Maroc, redonne espoir aux séfarades pauvres d'Israël. Ainsi à Sderot, dont il fut le maire, cette frange fragilisée et déclassée de la société traditionnellement marquée à droite brûle de prendre sa revanche sur l'élite ashkénaze.
publié le 21 décembre 2005 à 5h04

Sderot envoyé spécial

Salomon Ohayon traîne son haleine chargée de bar en kiosque, quémande «une p'tite bière» aux clients d'évidence habitués à ce manège. Refus polis, «par respect pour son père» qui tenait le Palace, café chic de Casablanca ­ «face à la préfecture», précisent les anciens du Maroc. A Sderot, cité pour émigrants, tout le monde vient de quelque part et chacun en parle comme s'il débarquait de la veille. Le temps ne fait rien à l'affaire. On se regroupe par communauté, jaloux de son identité, cramponné à ses traditions. Rachel se présente comme une «Tunisienne de Djerba», bien qu'elle se soit fixée en Israël depuis près d'un demi-siècle. «Lorsque je me suis établie ici, en 1962, Sderot c'était mieux qu'aujourd'hui. Une vie dure mais nous avions de l'espoir, se souvient-elle, et du travail.» Les beaux massifs de bougainvilliers, les palmiers majestueux plantés sur les avenues peinent à cacher la misère qui suinte du linge reprisé pendu sur les balcons, des bennes à ordures que fouillent les démunis, des longues files apathiques qui attendent leur chèque devant les hygiaphones du bureau d'aide sociale.

Sur les ruines d'un village palestinien

«Où est passé l'ouvrier d'antan ?, soupire Rachel. Nos enfants ont fait des études, puis ont été obligés de partir, poussés par le chômage. Ils ne viennent presque plus nous voir. Trop cher ! Leur salaire passe entièrement dans la location d'un logement, la nourriture, l'école de leurs enfants.» La nostalgie teinte tous les dis