Le soleil se couche à peine, mais déjà les magasins ferment leurs lourdes grilles, les motos-taxis désertent les rues. Faute d'éclairage public, l'obscurité s'installe et avec elle, l'insécurité. Warri, la cité pétrolière de l'Etat de Delta, subit un couvre-feu de fait. «Le soir, on ne sort pas, c'est la règle, commente un employé d'une compagnie pétrolière. On vit une vie de moine, certains vivent ici sans mettre le nez dehors, sauf pour aller au boulot.» C'est le cas de bon nombre d'expatriés de Shell. La zone industrielle de la compagnie anglo-néerlandaise jouxte le compound résidentiel entouré de barbelés une petite cité dans la ville avec son hôpital, ses commerces, et même son golf au gazon soigné. Dans la région, l'or noir coule à flots. Au loin, les flammes des torchères indiquent l'emplacement des puits. Mais si l'air est acide, on cherche en vain l'odeur du pétrodollar dans le dédale de routes défoncées, le bric-à-brac d'échoppes et de maisonnettes décaties. Au marché de Macaiva, la vieille Polo Madedo, commerçante de son état, improvise une déclaration : «Nous, Ijaw, Itsekiri et Urhobo, on vit en paix maintenant, pas de combats, pas de "wahalla", il faut que les étrangers reviennent, on va groover ensemble et mes enfants auront du travail.» Une allusion aux violents affrontements intercommunautaires de 2003 suivis du départ massif des compagnies étrangères et avec elles, l'argent et les petits boulots. Shell est resté en réduisant la voilure mais la grande maj
Enquête
Le pétrole brute du Nigéria
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par Virginie Gomez
publié le 31 janvier 2006 à 20h12
(mis à jour le 31 janvier 2006 à 20h12)
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