Pékin de notre correspondante
Pour des milliers de Tibétains, le Nangpa La est la porte de la liberté. Cette vaste selle glaciaire, qui fend la ligne de crête de l'Himalaya à une vingtaine de kilomètres, à l'ouest de l'Everest, signale depuis bientôt cinquante ans l'espoir des exilés. A 5 700 mètres d'altitude, entre deux parois de glace, un chorten hérissé de drapeaux de prière en lambeaux marque le col. Lorsqu'ils y parviennent, épuisés par des dizaines de journées de marche, les candidats à l'exil jettent un dernier regard vers leur pays et lancent dans le vent quelques papiers portant leurs prières. Puis ils commencent la descente vers le Népal. Encore une dizaine de jours de marche, et c'est la dernière épreuve : un bus pour Katmandou, puis un autre pour Dharamsala, patrie indienne du dalaï lama et des Tibétains en exil.
Le 30 septembre au matin, la porte s'est refermée pour une trentaine de réfugiés, pris pour cible par des tireurs de la police chinoise sur l'étendue neigeuse qui mène au col. Deux d'entre eux au moins sont morts. Le reste du groupe est incarcéré dans une prison chinoise à Shigatze, province «autonome» du Tibet.
Le Nangpa La, frontière du Royaume des neiges et du Népal, sépare aussi deux mondes hermétiques. Le sentier menant au col, que les Tibétains remontent généralement la nuit pour éviter les patrouilles, conduit au camp de base du Cho Oyu (8 102 m), sommet himalayen le plus fréquenté chaque automne. Cette fin septembre, une quarantaine d'expéditions s