Québec envoyée spéciale
Dès son premier sondage, un petit carré de 50 cm sur 50 cm, Yves Chrétien repère du charbon de bois en grande quantité. Comme si un bâtiment avait brûlé. Intrigant, mais cela ne signifie pas occupation humaine. Au deuxième petit carré, l'archéologue tombe sur de l'argile cuite ; et au troisième, sur des fragments de faïence dont l'un attise sa curiosité. Il fait des recherches sur l'Internet pour comparer avec les banques de données et découvre qu'il s'agit d'un morceau d'une assiette bien particulière, une Istoriato, faïence italienne polychrome bleu vert jaune orange datée entre 1540 et 1550. «Là, j'ai commencé à allumer», raconte Yves Chrétien.
C'était en août 2005 et l'archéologue de 43 ans ne sait pas encore qu'il vient de faire la découverte de sa vie. Il pensait conduire de banales fouilles préventives, il a découvert les restes du fort établi par Jacques Cartier en 1541, premier site d'implantation européen en Amérique du Nord. Les Québécois le cherchaient depuis plus de cinquante ans. «L'établissement du fait français au Canada, c'est le fun, ça fait plaisir aussi aux Canadiens, beaucoup d'anglophones sont venus», raconte Yves Chrétien, aux anges. Les Québécois s'apprêtaient à construire à cet endroit deux belvédères consacrés à Samuel Champlain pour fêter en 2008 le 400e anniversaire de la fondation de Québec. Ceux-ci ne verront pas le jour. Ironie de l'histoire, le programme faramineux de fouilles et de mise en valeur sera consa