Saint-Pétersbourg envoyée spéciale
Le front plisse sous l'effort, le torse est puissant, noueux, comme il sied à des atlantes chargés de porter un palais de pierre... sauf que les nouveaux atlantes de Saint-Pétersbourg ne sont plus de pierre, mais de verre imprimé. En plein centre de la ville-musée, derrière la forteresse Pierre-et-Paul, qui a préfiguré la cité, l'architecte russo-allemand Sergueï Tchoban vient d'ériger un des premiers bijoux du siècle nouveau : une façade tout en verre, où les ornements antiques ne sont plus que photos numériques. Au coeur de la ville de pierre, tout en colonnes, stucs et pilastres, Tchoban signale qu'il est temps de changer de siècle et semble annoncer un réveil de l'ancienne capitale russe. «Nous avons envoyé un photographe allemand à Rome, puis nous avons travaillé les photos à l'ordinateur», raconte l'architecte, né en 1962 dans la ville qui s'appelait alors Leningrad, parti en 1992 travailler en Allemagne, et de retour aujourd'hui en Russie à la tête d'un bureau prometteur. «Notre façade est comme une empreinte d'Europe, explique-t-il, de même que toute l'architecture de Saint-Pétersbourg est une empreinte figée de l'Europe.»
Longtemps murée dans ses palais, prisonnière de ses frontons qui s'écaillaient, Saint-Pétersbourg s'entrouvre aujourd'hui à l'architecture contemporaine. Trois cents ans après Pierre le Grand, le fondateur qui fit venir des maîtres de toute l'Europe pour bâtir sa nouvelle capitale, la ville fait