Dresde, Schwerin envoyée spéciale
Avec son jean noir, son pull marine Lacoste, son air poupin et ses petites lunettes dorées, Holger Apfel, 36 ans, a l'allure d'un syndicaliste ou d'un dirigeant du PDS (Parti néocommuniste allemand). A Hanovre, où Holger Apfel a débuté sa carrière, on se souvient plutôt d'un garçon arborant l'accoutrement du parfait petit néonazi : crâne rasé, bottes noires et bombers. En fait, le garçon propre sur lui qui se tient aujourd'hui dans son bureau du parlement régional de Saxe, à Dresde, conduit depuis deux ans le groupe parlementaire du NPD, le Parti national-démocrate allemand.
Il y a encore dix ans, personne n'aurait parié sur le NPD. Le parti brun, fondé en RFA (Allemagne de l'Ouest) par des nostalgiques d'Hitler, ne s'était pas remis de son échec aux élections législatives de 1969, année où il avait failli franchir la barre des 5 % et entrer au Bundestag (Parlement fédéral). Durant les trois décennies suivantes, le NPD plafonnait à 0,5 %. Et voilà que depuis deux ans, le parti néonazi connaît une résurrection grâce à l'Allemagne de l'Est. En 2004, il a provoqué un séisme en obtenant 9,2 % des voix en Saxe. Le 17 septembre dernier, il a poursuivi sa conquête des nouveaux Länder en rentrant au parlement de Mecklembourg-Poméranie occidentale (7,3 %). Le même jour, on votait aussi dans la ville-Etat de Berlin. Et si le NPD n'a pas réussi à forcer les portes du parlement de la capitale allemande (2,6 % sur l'ensemble de Berlin), ses résultats dans