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Libération

Les maisons de maçons

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publié le 7 février 2007 à 5h53

Une longue nef garnie de dizaines de sièges, des piliers imposants, un grand autel en bois dressé sous une abside peinte d'une fresque où volette un ange, une ambiance solennelle : on se croirait dans une église. Mais des rideaux pourpres occultent les hautes fenêtres, un buste de Marianne est posé derrière l'«autel» là où l'on attendait un Christ en croix, et la devise «Liberté Egalité Fraternité» se déploie en lettres capitales au-dessus du «choeur». Il y a des éléments plus étranges : ici un grand triangle, là une étoile. Au pied de l'autel, une pierre brute et une autre taillée en pyramide.

Nous sommes dans le temple Arthur-Groussier, au siège du Grand Orient de France (GODF), rue Cadet, à Paris. «L'un des endroits les plus fermés de Paris», aime à dire cette obédience franc-maçonne. L'un des plus originaux aussi, au moins d'un point de vue architectural. Mais c'est difficile à deviner depuis l'extérieur : le quartier général du GODF se cache derrière une horreur en aluminium. S'il y a un mystère de la franc-maçonnerie, c'est bien celui-ci : comment des gens se réclamant de l'équerre, du compas et du Grand Architecte de l'Univers peuvent-ils s'abriter derrière des façades aussi moches ?

La Grande Loge de France, autre obédience installée rue Puteaux (XVIIe arrondissement de Paris), s'est retranchée derrière une façade relativement sobre, mais guère plus engageante. Seul l'immeuble de la Grande Loge nationale française Ñ dans une impasse au fin fond du XVIIe a