Menu
Libération
Enquête

Huis clos à Fago

Article réservé aux abonnés
Miguel Grima était le maire d'un village perdu des Pyrénées espagnoles. Grande gueule et controversé, il a été assassiné. Tous les habitants sont suspectés. Les aveux de l'un d'entre eux n'ont pas dissipé le mystère.
publié le 14 février 2007 à 6h02

Fago (Aragón) envoyé spécial

Rien de tel, pour entrer dans le vif du sujet, que d'emprunter l'itinéraire où s'est déroulé l'assassinat. Une petite route à peine fréquentée, truffée de nids-de-poule, qui serpente au creux d'une vallée imposante, et que personne n'a pris soin de saler après les récentes chutes de neige. Passé le hameau quasi désert de Majones, sur une quinzaine de kilomètres, on ne voit que sombres forêts et gigantesques parois rocheuses. Au détour d'un interminable tournant, Fago a un aspect idyllique. Dans un vallon surplombé par de hauts pics, une trentaine de vieilles bâtisses en pierre se serrent entre deux ponts. Aucun bruit ne couvre celui de la rivière. La banderole peinte à la main, sur la façade de la mairie, n'en paraît que plus insolite : «Nous condamnons absolument le meurtre du maire Miguel Grima.» Sur la quinzaine d'habitants vivant ici à l'année, personne ne parle. Portes et volets semblent clos depuis des lustres, et seuls de gros chats se risquent dehors. Même la porte du bar Marieta a été cadenassée. Surgit soudain le 4 x 4 du médecin néerlandais, père des deux uniques enfants du lieu. Sitôt garé, il s'enferme chez lui, sans mot dire.

Depuis que, le 13 janvier, le cadavre du maire a été retrouvé dans un fossé près de Majones, les imaginations s'enflamment en Espagne. Qui a bien pu tuer Miguel Grima, 50 ans, en charge depuis douze ans de cette bourgade isolée, l'une des plus petites des vallées pyrénéennes d'Aragón, et proche (à vol d'oi