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Libération
Enquête

La veuve, et le génocide la France

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Dans sa demande d'asile politique en France, Agathe Habyarimana se présente comme une veuve emportée dans les tourbillons de l'histoire. De lourds soupçons pèsent sur l'ex-femme du président rwandais assassiné, considérée comme l'inspiratrice du génocide. Décision sur ce cas embarrassant aujourd'hui.
publié le 15 février 2007 à 6h03

ui donc est cette femme ? Agathe Kanziga, veuve Habyarimana, a-t-elle été, sinon le cerveau, du moins l'inspiratrice du génocide de 1994 au Rwanda ? Ou n'est-elle qu'une pauvre veuve, une bigote dame patronnesse, emportée par les tourbillons de l'Histoire, comme elle le prétend ? Treize ans après, Agathe Habyarimana reste l'une des énigmes les plus troublantes de la tragédie rwandaise.

Le 6 avril 1994, à 20 h 30, l'avion de Juvénal Habyarimana, le président hutu, est abattu par deux missiles et s'écrase dans le jardin de sa propre résidence, sous les yeux de sa femme et de ses enfants. Aussitôt après débute le génocide dans lequel périrent 800 000 Tutsis et opposants hutus. Trois mois plus tard, les rebelles tutsis du Front patriotique rwandais de Paul Kagamé, l'ennemi juré d'Habyarimana, s'emparent de Kigali et mettent fin au génocide.

Et Agathe, dans tout ça ? Pour tous les spécialistes et historiens du Rwanda, cette femme était l'âme damnée de l'Akazu (1), une structure occulte de Hutus du Nord, prête à tout pour assurer l'emprise mafieuse de la belle-famille sur Juvénal Habyarimana. C'est l'Akazu qui aurait installé ses hommes partout, dans l'armée, l'administration, financé les milices hutues extrémistes (Interahamwe) et les «médias de la haine», bref préparé le terrain au génocide. On est allé jusqu'à accuser Agathe d'avoir fait tuer son mari, parce qu'il s'apprêtait soi-disant à la quitter et qu'il cédait trop à Kagamé.

Pourquoi alors, l'armée française l'a-t-elle exfilt