Kaesong (Corée du Nord) envoyé spécial
Après avoir longé le fleuve Han hérissé de fortins et de barbelés, les trois cars Hyundai, partis de Séoul tôt le matin, arrivent après une heure de route au bureau de douane sud-coréen. Nous voilà, en compagnie de 70 hommes d'affaires européens et sud-coréens, à l'entrée de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées depuis l'armistice de 1953. Moyennant 100 euros, il nous a été délivré un visa de vingt-quatre heures pour la Corée du Nord. Un voyage très encadré dans le réduit communiste le plus fermé du monde. Au fond des cars, costumes noirs et cravates sombres, un ou deux types baraqués notent les faits et gestes de chacun.
Franchir la frontière par la route, depuis le sud, est rarissime. D'ordinaire, on gagne la Corée du Nord depuis Pékin, via un vol d'Air Koryo. Cette fois, signe du lent réchauffement entre les deux pays toujours théoriquement en guerre, Séoul a fait une exception. Large de 4 kilomètres, la DMZ est une succession de grillages, barbelés, ponts, chicanes et tunnels. Nos cars s'engagent sur une route à plusieurs voies. Alors que la dictature nord-coréenne ploie sous les sanctions de l'ONU, des Etats-Unis et du Japon, décrétées après son essai nucléaire d'octobre 2006, défile en contresens un ballet de poids lourds sud-coréens. Preuve que les échanges intercoréens se portent bien. Selon le cadre d'une filiale du Sud active au Nord, «400 camions passent la frontière chaque jour». Ceux qui viennent du Su