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Libération
Reportage

Laos Vegas

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publié le 17 avril 2007 à 7h15

Golden Boten City (frontière sino-laotienne) envoyée spéciale

A l'automne, Alundith a repéré la petite annonce dans un journal de la capitale laotienne : «Casino chinois recrute croupiers dans le nord du Laos». Des journaux de Vientiane en disaient un peu plus sur ce projet pharaonique, rien moins qu'un futur Las Vegas dans la jungle, près de la frontière chinoise. Le casino est la première pièce d'une «zone économique spéciale» destinée à devenir avant dix ans un mini Etat avec supermarchés duty free, hôtels cinq étoiles, usines propres, golf et parc d'attraction. En plein coeur du Triangle d'or (1), royaume de l'argent et des trafiquants d'opium, l'affaire a un bel avenir. Une concession de trente ans a été accordée aux investisseurs.

L'étudiant, avec beaucoup d'autres, a aussitôt lâché sa licence d'économie pour tenter sa chance à Golden Boten City. Formé pendant dix semaines à Vientiane, il a manié la roulette, les cartes et les dés, appris les règles du baccara, déclamé en chinois «les jeux sont faits» et intégré les bases du langage des croupiers. Dans son bagage, il avait un gilet rouge, un noeud papillon et plusieurs chemises blanches.

Il est arrivé le 1er janvier de cette année. La «ville d'or» lui est apparue en pleine forêt tropicale, au tournant d'une route de montagne. En fait de ville, un unique et massif hôtel abritant le casino : une barre de couleur jaune, surmontée de quatre clochetons qui ressemblent à des miradors.

D'abord, Alundit