Grozny envoyée spéciale
Ce n'est plus une ville en ruines, c'est une ville d'échafaudages. Grozny, ces jours-ci, présente le visage étonnant d'une ville dont tous les immeubles, ou presque, sont en chantier. Par rues entières, ce sont des kilomètres d'échafaudages qui se succèdent, simples planches en bois clouées à la va-vite le long des façades défoncées par les deux guerres de ces quinze dernières années. Partout, des brigades d'hommes et de femmes, parfois encore en camouflages de combat, maçonnent, enduisent, colmatent, clouent, retapent et repeignent. A terre, d'autres brigades refont les rues, posent des tuyaux, tendent des câbles, dallent les trottoirs, plantent des sapins et des fleurs. Après la folie de la guerre, la capitale de la Tchétchénie est prise d'une frénésie de reconstruction. «D'ici fin 2008, nous reconstruirons Grozny et la république de Tchétchénie. Dès la fin 2007, la ville de Grozny sera rebâtie à 80 %», a promis le nouvel homme fort mis en place par Moscou, le jeune Ramzan Kadyrov, tout juste élu président de la République.
Après avoir «éradiqué» les «terroristes» et les «bandits» qu'il traquait lui-même dans les montagnes de Tchétchénie à la tête de ses milices armées, Ramzan Kadyrov met aujourd'hui son surplus d'énergie au service de la reconstruction. Le financement des chantiers provient pour l'essentiel de «fonds hors budget» qu'il collecte personnellement auprès des maîtres d'oeuvre, des entrepreneurs revenus i