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Libération
Reportage

La Stasi et la vie d'après

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Acteur vedette du film la Vie des autres, dans lequel il incarne un officier de la police politique est-allemande, Ulrich Mühe a lui-même été espionné. Aujourd'hui encore, entre victimes et coupables, les plaies du passé peinent à se refermer.
publié le 30 mai 2007 à 8h01

Berlin de notre correspondante

C'est une histoire allemande. Une tranche de vie que le principal protagoniste rechigne pourtant à évoquer. Couronné meilleur acteur européen en 2006, personnage central du «meilleur film étranger» oscarisé cette année à Hollywood, Ulrich Mühe, acteur vedette de la Vie des autres, reçoit Libération chez lui, à Berlin. Mühe est né en 1953 au sud de l'ex-RDA, et le film de Florian Henckel von Donnersmarck n'a pas été, pour lui, un film comme les autres : «Je connais bien le sujet. La RDA et l'histoire de ce petit pays sont une part de moi», admet-il. Vu par 1,3 million de spectateurs en France, 2 millions en Allemagne, la Vie des autres a relancé, outre-Rhin, le débat sur les moyens d'oppression de la dictature est-allemande. Le film fait aussi un incroyable écho à la vie de son principal interprète.

A l'écran, Mühe campe de façon saisissante le rôle de Gerd Wiesler, un officier de la Stasi, la police secrète, chargé d'espionner une actrice célèbre et son compagnon. Georg Dreyman est un dramaturge sans histoire, en phase avec le régime. L'appartement des deux victimes, criblé de microphones, est directement relié à un studio d'écoutes installé sous les combles. Wiesler les espionne jour et nuit, jusqu'au lit. Armé d'écouteurs et d'une petite machine à écrire, il remplit inlassablement des pages de rapport dans le curieux jargon de la Stasi.

Wiesler juge la mesure justifiée : les artistes sont par nature suspects à ses yeu