Madrid de notre correspondant
Coincée entre des blocs d'immeubles en brique, une rocade bruyante et une ligne de chemin de fer, la paroisse de San Carlos Borromeo d'Entrevias est un drôle de bâtiment jaunâtre, aux murs ornés de tags évangéliques : «Heureux ceux qu'on insulte et persécute», «Ne reste pas à la porte». A l'intérieur, une salle basse sans décorum. Ni chapelle, ni confessionnaux, ni retable, ni vitraux. L'autel, une simple table de noisetier posée sur le carrelage, est à la même hauteur que les bancs réservés aux fidèles, sous un grand Christ en croix. Pour seule décoration, des dessins d'enfants punaisés aux murs, des coupures de journaux relatant la résistance d'une «paroisse en lutte contre les évêques» et une version colorée du Guernica de Picasso. Les portes de l'église sont rarement fermées. Il n'y a de toute façon pas grand-chose à y voler.
«Profanations et sacrilèges»
Début avril, l'archevêché de Madrid a annoncé la fermeture de cette paroisse d'une banlieue populaire au sud-est de la capitale. Interdiction d'y célébrer la messe. Seule peut s'y poursuivre l'action sociale, transférée à l'ONG catholique Caritas. La paroisse commettrait le péché d'enfreindre les «règles ecclésiastiques», voire de se livrer à des «profanations et des sacrilèges». Ce que la hiérarchie catholique reproche en fait aux curés d'Entrevias, c'est de dire la messe sans soutane, de remplacer les hosties par des biscuits et de restr