Moscou de notre correspondante
«Ma profession, c'est journaliste. Mon pays, la Russie. Je fais ce métier avec plaisir, mais c'est un plaisir que je ne souhaite à personne.» Dans son minuscule bureau de rédacteur en chef de Newsweek (version russe de l'hebdomadaire américain), Leonid Parfionov a l'air un peu grognon. Dans les années 90, l'insolence de ses émissions d'information sur la chaîne NTV lui valait des audiences de plusieurs millions de téléspectateurs. Depuis 2004, lassé des pressions à la télévision, son jeune talent a trouvé refuge à ce nouveau poste. «Ici, nous pouvons publier ce que nous voulons, se console-t-il, montrant pour preuve la une récente de son magazine, où Poutine marche de concert avec Staline, sous le même parapluie. Mais dans notre pays, le journaliste doit assumer tous les risques. Ni le pouvoir ni la société russe n'ont envie de voir des unes comme cela aujourd'hui. Et si quelque chose t'arrive, personne ne te défendra : ni le pouvoir, ni les tribunaux, ni l'opinion publique.»
Deux mondes de l'information
A force de journalistes assassinés, d'émissions critiques supprimées et de journaux rachetés par des oligarques aux ordres du Kremlin, on imagine trop souvent le paysage médiatique russe sinistré, avec des médias qui ne feraient que chanter les louanges des autorités. Cela dépeint assez bien les grands médias, la télévision surtout, qui, sans relâche, moulinent les bonnes oeuvres de Vladimir Poutine et de ses dauphins o