Mexico
de notre correspondante
Le 8 décembre 2004. Oui, à 10 heures précisément.» Hilda Trujillo, directrice du musée Frida Kahlo, s'en souvient comme si c'était hier. Ce matin-là, elle avait rendez-vous avec un notaire, un avocat et un représentant de la Banque de Mexico. Ensemble, ils allaient ouvrir ce que les journaux mexicains ont appelé «les chambres secrètes» de la Casa Azul. Deux salles de bains scellées sur ordre du célèbre muraliste mexicain, Diego Rivera, à la mort de sa femme, la peintre Frida Kahlo, en 1954. Les héritiers du couple en connaissaient l'existence. Mais le secret a été bien gardé, pendant un demi-siècle.
La «Maison bleue», au 247, rue de Londres, dans le quartier de Coyoacan au sud de Mexico. C'est là que Frida est née le 6 juillet 1907, qu'elle a vécu sa tumultueuse vie conjugale avec Diego, de vingt ans son aîné. Ses murs ont retenti des disputes entre les deux artistes, des éclats de voix, des portes qui claquent. Ils y ont accueilli Léon Trotski, André Breton et sa femme, à la fin des années 30. C'est dans cette maison que Frida a supporté toutes les étapes de son calvaire physique - la poliomyélite qui la frappe à 6 ans, puis, à 18 ans, le terrible accident de tramway qui l'obligera à subir une trentaine d'opérations et à porter toute sa vie des corsets, jusqu'à son amputation d'une jambe. Dans cette maison, que se sont nouées des intrigues amoureuses, notamment avec le révolutionnaire russe. Là aussi que s'est épanoui le gén