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Libération

Le roi guérisseur de la peste

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A l'heure où la grippe aviaire rôde de nouveau en Europe, retour sur la grande épidémie de 1720 à Marseille. C'est la première fois en France que l'Etat s'arroge les pleins pouvoirs pour maîtriser une crise sanitaire.
publié le 10 juillet 2007 à 8h44

Lorsque la peste s'abattit sur Marseille, au début de l'été 1720, on ne la reconnut pas.» Cette remarque d'un chroniqueur du temps, choqué par les 50 000 morts qui s'ensuivirent en quatre mois d'épidémie incontrôlée, soit près de la moitié de la population de la ville regroupée autour du Vieux-Port, témoigne d'un important changement de sensibilité dans la France de l'Ancien Régime. Le fatalisme face à la maladie ne semble en effet plus de mise, car cette chronique sous-entend que les symptômes de la peste auraient dû être reconnus dans un pays doté d'un Etat moderne et qui se pique d'être à la pointe de la médecine.

Une série de négligences et de petits arrangements sont à l'origine du dernier grand épisode pesteux que va connaître la France. D'abord, la vigilance a baissé dans un pays épargné depuis un demi-siècle : la maladie avait presque disparu de la mémoire collective. Ensuite, le système de prévention a été pris en défaut, alors qu'il n'aurait pas dû l'être. Marseille, principal port français, ayant le monopole du commerce avec les Echelles du Levant et tous les ports de l'Est méditerranéen, de Smyrne à Alexandrie, était en effet pourvu de défenses a priori efficaces : un bureau sanitaire de 40 permanents chargés de l'inspection des navires, 16 intendants de santé nommés par la municipalité, un premier contrôle de tous les bateaux voulant entrer à Marseille sur l'île de Pomègue, renforcé par une mise en quarantaine pour tous les suspects sur l'île de Jarre.

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