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Libération
Reportage

La onzième plaie d'Egypte

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Pour éradiquer la bilharziose, infection due à un ver, des millions d'Egyptiens ont été piqués à la chaîne dans les années 60-80. Aujourd'hui, 20 % de la population est atteinte de l'hépatite C. La plus grande contamination au monde.
publié le 13 juillet 2007 à 8h47

Le Caire

envoyé spécial

ls sont une petite dizaine dans un des pavillons de l'hôpital dit des fièvres, au Caire. Ils ne disent pas un mot. Visages de malades, peu de bruit, peu de monde. C'est là que sont regroupés les patients atteints d'hépatite C : les hommes d'un côté, les femmes ailleurs.

Ils sont pauvres - nous sommes dans un hôpital public -, et la fin du jour s'épuise. Savent-ils, ces patients anonymes, qu'ils sont au coeur d'une situation sans pareille ? Savent-ils qu'ils représentent la minuscule partie émergée d'un gigantesque problème de santé publique, comme l'histoire des maladies infectieuses en a rarement connu ? Savent-ils qu'ils sont, tous ou presque, victimes d'une pharaonique erreur médicale ? Elle tient en un chiffre : avec 15 millions de malades (soit près de 1 Egyptien sur 5), l'épidémie d'hépatite C bat, dans ce pays, tous les records du monde. Chez les plus de 40 ans, 1 habitant sur 2 est même touché dans certaines régions.

Cette infection n'est pas un secret. Mais elle est restée confidentielle, affleurant à peine dans la sphère publique, juste connue de quelques cercles de spécialistes. Elle s'inscrit intimement dans l'histoire du pays, car en Egypte, on a toujours eu mal. au foie. De tout temps. Selon les époques, on a accusé l'eau, l'air, la pollution. Mais aussi de méchants parasites. Dans les années 60, en pleine euphorie nassérienne, la bilharziose est endémique dans les régions du delta du Nil et de haute Egypte. Due à un ver, hébergé par