San Luca (Italie)
envoyé spécial
our fuir la vendetta, pour échapper aux forces de l'ordre, ils ont repris le maquis. Depuis le 15 août dernier et la fusillade qui a fait six morts devant la pizzeria Da Bruno, à Duisbourg (Allemagne), la plupart des chefs de la 'Ndrangheta se sont réfugiés - croit savoir la police - très loin de San Luca, le petit bourg calabrais d'où sont originaires le patron du restaurant, Giuseppe Strangio, miraculeusement sauf, et trois des victimes criblées par les 70 balles des tueurs. Mais d'autres «parrains» ont grimpé les sentiers escarpés. Ils ont quitté leurs maisons aux façades délabrées, remonté la longue rue Corrado Alvaro, sans doute croisé à l'aube les vieilles femmes en noir qui vont puiser l'eau de source à la fontaine du village. Et ils se terrent aujourd'hui dans quelque cabane ou bergerie perdue dans la montagne.
«Dans l'Aspromonte, on peut se perdre»
«Depuis la tuerie de Duisbourg, les responsables des clans sont en mouvement, constate l'ancien parlementaire et historien de la criminalité organisée Enzo Ciconte. Il est probable que quelques-uns d'entre eux ont cherché, comme par le passé, à se cacher dans l'Aspromonte.» Depuis toujours, l'imposant massif rocheux qui se dresse juste au-dessus de San Luca, dans l'extrême sud de la botte italienne, a été le repaire des bandits, le territoire des bergers et la force de la 'Ndrangheta. C'est dans cette montagne protectrice autant que menaçante que l'histoire de cette