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Libération
Reportage

Faut-il abattre l'arbre d'Anne Frank ?

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publié le 22 novembre 2007 à 1h38

A Amsterdam, «l'arbre d'Anne Frank» a failli être abattu hier. La mairie juge ce marronnier centenaire trop malade pour tenir debout plus longtemps, mais un tribunal en a décidé autrement, mardi soir, donnant in extremis raison à des associations et des riverains mobilisés pour sauver ce monument végétal. Le juge a accordé un répit de huit semaines à l'arbre, avant de trancher définitivement son sort. Depuis la lucarne d'un grenier, cet arbre a été le seul lien d'Anne Frank avec le monde extérieur, durant les deux années qu'elle a passées cachée, de 1942 à 1944, dans une maison d'Amsterdam. La jeune fille juive allemande y a écrit son célèbre journal ; elle y évoquait, le 23 février 1944, un moment partagé avec Peter, un autre adolescent juif abrité sous le même toit : «Nous avons regardé tous les deux le bleu magnifique du ciel, le marronnier dénudé aux branches duquel scintillaient de petites gouttes qui semblaient d'argent, les mouettes et d'autres oiseaux qui glissaient dans le vent, et tout cela nous émouvait et nous saisissait tous deux à tel point que nous ne pouvions plus parler. Tant que cela existera, aussi longtemps que je vivrai pour les voir, ce soleil, le ciel sans nuages, je ne serai pas malheureuse.» Pour l'adolescente de quinze ans, l'arbre rythme le passage des saisons. «Notre marronnier est totalement en fleurs, écrit-elle le 13 mai 1944. Il est couvert de feuilles et encore plus beau que l'an dernier.» Des lignes écrites trois mois a