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3 000 euros par mois, ce n'est pas le nirvana

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Une famille lyonnaise met ses comptes sur la table alors que l'on attend les déclarations de Nicolas Sarkozy sur le pouvoir d'achat. Ni riche ni pauvre, juste au milieu. Comment vit-on avec un revenu médian ?
publié le 27 novembre 2007 à 1h42

Georges prévient d'emblée : il se considère «plutôt comme un privilégié» lorsqu'il regarde les ouvriers avec lesquels il travaille. Anne renchérit : «C'est vrai que malheureusement, aujourd'hui, on est plutôt des nantis.» A eux deux, ils gagnent 3 050 euros par mois, avec trois enfants, dont deux encore à la maison. Soit le revenu français médian, à en croire l'Insee (1). «Mais pour être honnête, complète Anne, il faut ajouter 340 euros d'allocations familiales, et une rente de veuvage de 800 euros qui s'arrêtera dans six mois.» Anne a perdu son premier mari. Ils se situent donc en réalité 30 % au-dessus du revenu médian des familles de leur taille, mais peinent à finir le mois, tout en faisant très peu d'excès.

Georges, 49 ans, se lève et va chercher un relevé de compte en banque, qu'il lit à haute voix. Au 15 novembre, il leur restait exactement 346 euros sur le compte commun. «Et il faut tenir avec ça jusqu'à la fin du mois, dit Anne. On refuse de vivre à découvert ou à crédit et on apprend ça à nos enfants. Quand le mois commence, je veux avoir les deux salaires entiers sur le compte, sinon c'est la fuite en avant.» Georges et sa femme ont accepté, «pour que tout le monde comprenne à quel point ça devient difficile», de détailler leur budget, factures et quittances à l'appui. Leur seule condition à parler d'argent : rester anonymes. Leurs prénoms ont été changés.

Ils habitent une petite maison accolée à un garage automobile