Correspondance à Moscou. Au stade moscovite de Loujniki, on les a vus par milliers dansant, la semaine dernière, sur des airs de rock aux paroles édifiantes : «Sur le champ de bataille nous défendent les katiouchas, Poutine et Stalingrad.» Leurs joyeux défilés hérissés de grands drapeaux rouges à croix blanche donnent de belles images aux chaînes de télé russes. Photogéniques aussi, les masques à gaz qu'ils portent pour encercler, il y a dix jours, l'ambassade de Géorgie et dénoncer «le régime antidémocratique du président Mikhaïl Saakachvili». A l'approche des élections législatives du 2 décembre, où le parti Russie unie emmené par Vladimir Poutine entend bien rafler au moins 70 % des voix, le régime a fait donner sa jeune garde. Exhibant, comme aux temps héroïques du bolchevisme, une nouvelle génération prête à mourir pour la défense de la patrie.
Dans les locaux du mouvement Nachi («les Nôtres»), la principale de ces organisations de jeunesse, ont été installés des «centres de tir politiques» où les jeunes visent, avec des fléchettes ou de la peinture, les effigies du leader de l'opposition Garry Kasparov, de l'oligarque en exil Boris Berezovski, voire de Ben Laden. «Il s'agit de permettre aux jeunes d'évacuer leur haine envers les ennemis de la Russie», a expliqué l'un des responsables des «nachis».
Sous l'idéologie, la carrière
Pourtant sous le vernis de cette idéologie nationaliste percent, chez la plupart de ces jeunes «poutiniens», des moti