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Libération
Reportage

La Réunion en masse pour sa Miss

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par Bernadette LOUBIER
publié le 3 janvier 2008 à 1h49

Une bande de lycéennes remonte la grande rue commerçante de Saint-Denis en scandant : «Valérie n'a pas baissé les bras, la Réunion était derrière toi, on a gagné !» Elles sont soulagées, leur «Miss pays» va continuer à représenter la France. «Partout où elle ira, elle parlera de notre île, de son métissage, de sa douceur de vivre.» Dans leur famille aussi, la décision a été accueillie comme une libération : «Quelquefois, on a encore l'impression d'être sous le joug de la France, d'être soumis au bon vouloir de la métropole, d'être les oubliés.»

Partout sur l'île, les déboires de Miss France occupent les esprits. C'est le sujet de conversation préféré. «Mi aime pas que le Réunion est chahutée», commente une gramoune (grand-mère, en créole). Au tribunal, une greffière branche sa radio pendant l'interruption de séance : «Je veux être sûre qu'elle garde sa couronne. Elle est belle, intelligente, ce serait trop injuste, pour deux ou trois photos, de perdre le prestige.»

La Réunion des Hauts (l'intérieur de l'île) a sorti les «étendards pays». A La Chaloupe-Saint-Leu, village natal de Valérie Bègue, les habitants sont allés prier pour que Mme de Fontenay fasse preuve d'indulgence «pour une faute de jeunesse» et pour permettre «a nout Miss de porter haut l'honneur réunionnais». Une dame promet de porter une bougie sur un autel dédié à Saint-Expédit, un culte catholique venu de Madagascar et de l'Inde, pour demander une faveur : pardonn