Dans une salle comble de Salem, dans le New Hampshire, début janvier, un électeur sceptique prend John McCain à partie. «Je suis déçu. Vous étiez contre les baisses d'impôt de Bush pour les riches et maintenant vous voulez les maintenir. Pourquoi ?» Seul sur une scène au milieu de la foule, McCain se réjouit presque. Il aime les questions qui dérangent. Il commence par «Mon ami», un tic de langage récurrent, puis se lance dans une explication alambiquée. «Satisfait ?» Par trois fois, il rend la parole à son interlocuteur, sans vraiment le convaincre. Mais l'essentiel n'est pas là. Il aura prouvé qu'il ne fuit ni la confrontation ni ses propres contradictions. Une qualité rare sur les chemins de la campagne.
John McCain a fait de la franchise sa marque de fabrique. Ses sympathisants et les médias l'adorent pour ça. A l'arrière de son bus baptisé «L'Express du franc-parler», ressuscité de sa campagne de 2000 contre George W. Bush, le candidat républicain tient des conférences de presse permanentes où rien n'est «off». Il met un point d'honneur à dire «ce qu'il pense, pas ce qui est bon pour les sondages». Ça passe ou ça casse. En 2000, il a qualifié le drapeau confédéré, celui du Sud durant la guerre de Sécession, de «symbole du racisme et de l'esclavage» et il a perdu la primaire de Caroline du Sud. Cette année, pour sa seconde tentative présidentielle, il a prévenu les ouvriers du Michigan que leurs emplois «ne reviendraient jamais