Où se cache Chaker al-Abssi ? Est-il vivant, mort ? Que sont devenus ses principaux lieutenants, Abou Ahmed et Abou Chahid, qui, avec lui, ont tenu tête durant plus de trois mois dans le camp de Nahr al-Bared à l'armée libanaise, lui infligeant des pertes sérieuses ? Dans l'imbroglio libanais, l'histoire du Fatah al-Islam est une énigme. C'est pourquoi ce groupe islamiste projette toujours son ombre noire sur le Liban à l'heure où le pays reste sans président, menacé de guerre civile, son économie en chute libre et sa population de plus en plus désemparée.
A Nahr al-Bared, près de Tripoli (nord du Liban), on croirait que la bataille, qui dura de mai à septembre 2007, s'est terminée il y a quelques jours. Les bombardements ont fait disparaître le camp palestinien. Avant le siège, c'était un labyrinthe de ruelles, une fourmilière en béton, où vivaient 31 000 Palestiniens. Aujourd'hui, les ruines disputent à d'autres ruines le paysage. Les mines interdisent tout retour. Encore massivement déployée, l'armée y veille. La ville de Tripoli (la seconde par sa population, très majoritairement sunnite) n'a pas oublié le traumatisme de cette guerre limitée à quelques kilomètres carrés mais qui a tué 168 soldats libanais et des dizaines de civils. Les rumeurs les plus folles ont circulé : on a présenté cette guérilla sunnite comme une nouvelle «filiale» d'Al-Qaeda, on a prétendu que le fils d'Oussama ben Laden était l'un de ses dirigeants ou que la famille Hariri l'instrumentait p