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Libération
Reportage

La terre gronde

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Oubliés des réformes économiques, 750 millions de paysans peinent à vivre. Lancé en décembre, un réseau de résistance s'organise contre la saisie illégale des terres par les gouverneurs, de mèche avec les promoteurs.
publié le 1er avril 2008 à 2h56

«Voleurs de terres !» Le slogan est parti de Pékin fin 2007, lancé par un groupe d'intellectuels de l'université de Qinghua. Depuis, il court dans les rizières et les champs de maïs, réveillant la colère paysanne. Quelques enseignants, des dissidents, des avocats ont arpenté la campagne durant plusieurs mois et décidé de fédérer le plus gros malaise chinois, source d'innombrables conflits sociaux : le détournement des terres agricoles par les gouvernements des provinces. Après trente ans de réformes économiques, 750 millions de paysans sont sur le carreau : «La croissance, l'urbanisation et l'industrialisation font des centaines de milliers de victimes», explique un des activistes pékinois, dont il vaut mieux taire le nom. Selon lui, 75 % de la corruption serait liée au foncier. «Partout, des terres sont saisies illégalement, les autorités locales expulsent les paysans et vendent aux promoteurs immobiliers.»

Dans un café Starbucks de la capitale, à l'abri des oreilles indiscrètes, ce jeune avocat élégant et décontracté raconte le réseau de résistance qu'il tente d'implanter dans tout le pays, et «la deuxième révolution de la terre» en marche de la Mandchourie au Sichuan, jusqu'aux provinces de la côte est : «Nous prenons contact avec les paysans, nous écrivons un texte que signent quelques meneurs et nous le diffusons sur Internet.» L'espoir est d'être entendus par le gouvernement central : «Localement, il y a bien quelques sanctions, mai