Soixante-huit, année atomique. Le face-à-face entre les deux blocs dure depuis vingt et un ans et tout montre que la guerre froide n'est pas près de s'achever (1). Les crises internationales très graves, comme le Vietnam, le printemps de Prague ou la guerre des Six Jours (en 1967) se déroulent à l'ombre d'arsenaux nucléaires considérables. Ceux-ci comptent, cette année-là, pas moins de 38 974 bombes atomiques. Un chiffre qui a été multiplié par quatre au cours de la dernière décennie. Entre l'Est et l'Ouest, la course aux armements bat son plein.
Le 1er juillet, pourtant, un traité est signé simultanément à Londres, Moscou et Washington. C'est la première fois que les grandes puissances s'entendent pour tenter de contrôler la course aux armements. «Considérant les dévastations qu'une guerre nucléaire ferait subir à l'humanité entière [.] persuadés que la prolifération des armes nucléaires augmenterait considérablement le risque de guerre», ces Etats signent un Traité de non-prolifération (TNP), appelé à un bel avenir. Mais à l'époque, c'est moins l'Iran ou la Corée du Nord qui préoccupent les chancelleries que. l'Allemagne. La Seconde Guerre mondiale est encore dans toutes les mémoires.
Parité stratégique
En juillet 1968, outre les Etats-Unis, l'Union soviétique et le Royaume-Uni, 59 autres pays vont donc apposer leur signature au bas du traité. Mais deux pays refusent de le faire : la Chine et la France, qui viennent, toutes deux, d'accéder au statut de puissance nucléa