Avec un sens remarquable du contretemps, le nouveau maire UMP de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet (1), détricote l'île Seguin. Au moment même où l'on pense au Grand Paris et où l'on repense à Mai 68. L'élu local traite ce haut lieu de l'agglomération parisienne et de la mémoire ouvrière comme un simple aménagement de quartier. Pour commencer, il évacue sans égard l'Université américaine de Paris (AUP), qui devait entamer cette année les travaux de son campus. Victime collatérale d'une guéguerre interne à l'UMP, ce projet culturel de bon niveau pourrait ne pas voir le jour parce que le nouveau maire, ex-UDF tôt rallié à Sarkozy, règle ses comptes avec l'ancien, Jean-Pierre Fourcade. Vieux gaulliste, celui-ci s'était choisi un autre successeur : il a perdu. Son ennemi intime est aux manettes et, sur l'île Seguin, il démantèle le travail entrepris par l'équipe précédente.
Vingt ans ont passé depuis que Renault a annoncé la fermeture de ses usines de Billancourt. C'était une des plus prometteuses opportunités urbaines autour de la capitale, ce fut une série de déconvenues : attentisme de Renault ; démolition du bâtiment spectaculaire de l'usine ; consultation d'urbanisme annulée puis recommencée ; épisode pitoyable de la Fondation Pinault annoncée puis retirée par le mécène.
Depuis quelques années, se dessinait malgré tout un projet d'île dite «des deux cultures», scientifique et artistique, dont les pièces commençaient à s'ajuster. Une silhouette architectura