Envoyé spécial à Gaza. Ils sont deux frères. Abou Louaï porte la moustache et est partisan du Fatah. Abou Eissa a la barbe et milite au Hamas. Frères ennemis ? Frères avant tout : «Il nous est arrivé de nous disputer, de ne plus nous parler. On a failli se battre parfois mais la famille, ça reste sacré», tempère Abou Louaï. Mais ils ne perdent jamais une occasion de se chamailler : «On parle tout le temps de politique. La politique, c'est la vie.» A Gaza, c'est aussi la mort. La lutte entre les islamistes et le Fatah a fait des centaines de victimes entre mars 2006, lorsque le Hamas a remporté les législatives, et juin 2007, date de son coup de force militaire. Depuis, l'ordre islamiste règne sur le petit territoire palestinien de 1 500 000 d'habitants, surpeuplé.
Barbe et Moustache
Abou Louaï, M. Moustache, est l'aîné. C'est lui qui est au chômage en ce moment. Les deux frères sont policiers et leur carrière a suivi un cours inverse. Abou Louaï travaillait à la Sécurité préventive jusqu'aux funestes jours de juin 2007. Par chance, il était à l'étranger pour se faire soigner le genou. Il a donc échappé à la féroce chasse aux fatahouis engagée par les miliciens islamistes dans la foulée de leur victoire. Les fidèles de Mohamed Dahlan, le tout-puissant chef de la Préventive, ont été particulièrement visés après la fuite de leur chef. Mohamed Sweirki, un officier de la Force-17, la garde présidentielle palestinienne fidèle au Fatah, a été précipité du haut de l'imm