La journée est rouge dans le sens des retours de vacances. Mais à Berlin, Andreas Becker n'a pas pris de congés : le président de Hatun und Can et les dix-sept bénévoles de cette association sont restés sur le pont pour secourir les Ferienbräute, les «mariées des vacances», comme on appelle en Allemagne, les victimes de mariages arrangés dans le pays natal de leurs parents immigrés.
Cette année, le pic de mariages forcés, qui concerne chaque été des milliers de ces jeunes Allemandes, atteindrait des records. Les associations qui leur viennent en aide font état d'une «situation extrêmement grave». «Leur nombre a doublé par rapport à l'an dernier», s'alarme Andreas Becker. Difficile de savoir si les mariages forcés sont plus nombreux, ou si les jeunes femmes qui en sont victimes sont simplement mieux encadrées par les associations, et plus nombreuses à refuser le diktat familial. Hatun und Can constate en tout cas que quatre ou cinq appels à l'aide lui parvenaient chaque jour pendant l'été dernier. Cette année, c'est deux fois plus.
Au siège de l'association Hatun und Can - fondée en mémoire de Hatun Sürücü, une jeune Berlinoise tuée par son frère parce qu'elle avait quitté le cousin anatolien auquel on l'avait mariée de force -, on se relaie jour et nuit. Aujourd'hui, il faut s'occuper de trois autres jeunes femmes comme Hatun, dont l'une est accompagnée de deux enfants. Elles viennent de rentrer en Allemagne après un séjour estival en Turquie, où leu