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Libération
Critique

Des Noirs aux tableaux

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publié le 28 août 2008 à 4h46

Black is beautiful, de Rubens à Dumas. Vraiment ? Etalé sur la Nieuwe Kerk, un grand espace culturel d'Amsterdam, le slogan noir américain des années 60 laisse songeur. Plus barbant, le sous-titre de cette grande expo (1) paraît plus juste : car il s'agit bien de «l'homme noir dans l'art néerlandais». A l'entrée, on redoute le pire, dans le genre politiquement correct. Les dépliants parlent de «fascination» pour la «beauté noire» à travers les âges. «Après tout, l'homme noir n'est pas seulement un esclave, un servant, un page ou un diable», argumente une voix off sur un film introductif, proposant un regard plus «positif». Une fois dans les salles, il faut se rendre à l'évidence. «Black is beautiful» n'est pas seulement un abrégé magistral d'histoire de l'art, avec ses trois grandes époques. «Monde ancien», «Nouveau Monde» et «Temps modernes» sont représentés à travers des artistes majeurs : Rubens, Rembrandt, l'expressionniste Karel Appel et la plasticienne Marlene Dumas, une Sud-Africaine installée depuis 1973 à Amsterdam.

L'exposition, en se plaçant d'un point de vue qui n'avait jamais été tenté, nous en apprend beaucoup sur l'Europe elle-même. Ce qui saute aux yeux, dès les premières oeuvres, c'est la vision du monde et des autres qu'a pu avoir un petit royaume maritime et chrétien. L'homme noir n'existe d'abord que sous les traits d'un ennemi, le Maure, dans les scènes de combat des miniatures du XIIe siècle. Cent ans plus tard, l'Africain n'e