Menu
Libération

La clé du trousseau

Article réservé aux abonnés
Les vendanges approchent. Au coeur du Jura, Jean-François Ganevat, mi-apôtre, mi-sorcier, livre l'alchimie de son cépage rouge, le trousseau.
publié le 25 septembre 2008 à 22h30

Comme d'habitude, Jean-François Ganevat, 39 ans, s'est levé aux alentours de 6 heures. A poussé les volets de sa chambre qui ouvrent sur sa vigne, nichée dans une combe à Rotalier (Jura). Le nez dans la froidure de l'aube, il a scruté la pente raide des rangées de ceps plantés sur le Revermont, ce contrefort du Jura qui s'étire vers le sud jusqu'à l'Ain. Pas un matin le vigneron ne poserait le pied par terre sans aller voir «son» trousseau, comme il dit à propos de ce cépage rouge emblématique du vignoble jurassien. Précédé de Schiste, son braque de Weimar qui mâche le raisin comme une gourmandise.

C'est l'heure bénie où Jean-François peut scruter en paix les grappillons bleutés, croquer dans la chair soyeuse et blanche d'un grain libérant un jus délicat et sucré. Dans quelques jours, il vendangera «son trousseau» 2008 alors qu'il achève à peine la mise en bouteilles de la cuvée 2007. C'est un chassé-croisé crucial entre vin à venir et vin à vieillir, à la charnière de l'été et de l'automne. Mais Jean-François n'est «pas un pressé» quand il s'agit de vendanger, «quitte à commencer quand tout le monde aura fini». «C'est un pénible, dit sa mère en servant la salade de tomates du jardin. Il va voir, il regarde, il faut que ça soit à son idée.»

Jean-François n'a pas choisi son vin le plus facile pour raconter ses saisons de vigneron. Il aurait pu faire goûter l'un de ses vins blancs qui sont des épures minérales. Comme son chardonnay Les Grands T