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Moscou Voieduchangement

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publié le 26 septembre 2008 à 22h34

C'est l'une des plus belles rues de Moscou. Partant de la place Taganka, et son fameux théâtre, elle aligne plus d'une vingtaine d'hôtels particuliers, rescapés du XIXe siècle avec leurs colonnes, frises et pilastres fraîchement repeints de blanc, sur fonds pastel, jaune, rose ou saumon. Et comme elle est la plus belle, il lui revient de porter les noms les plus illustres de l'Histoire russe. Depuis sa création au XVIIe siècle et jusqu'en 1919, elle s'appelait Grande-Rue-d'Alexis, du nom d'un métropolite de la capitale. Après la Révolution, les bolcheviques la rebaptisèrent Grande-Rue-Communiste. Jusqu'au mois d'août dernier, où sitôt après la mort d'Alexandre Soljenitsyne, la ville de Moscou décida qu'elle porterait le nom de l'écrivain, à compter de janvier 2009. Le déporté du goulag, qui a consacré sa vie à combattre le régime soviétique, est ainsi invité à triompher du communisme. Un symbole extrême, que cette rue illustre à merveille.

La Grande-Rue-Communiste est elle-même un condensé de la Russie d'aujourd'hui. On y croise un bel échantillon du nouveau Moscou : des agents du KGB reconvertis dans le business, des communistes passés maîtres du placement offshore, des popes amateurs de poésie, de riches étudiants et de pauvres retraités.

Au numéro 11, dans l'ancien palais d'une riche famille marchande, Daniel Sorokine est l'une des figures les plus originales de ce nouveau Moscou : ancien communiste, reconverti dans le placement offshore. Il ne reçoit que la nuit, entre 23