Au royaume des jeux vidéo, la gueule de bois a toujours lieu après
Noël, comme dans le monde en vrai. C'est là, après s'est jeté gloutonnement sur des catalogues astiqués au petit poil par des éditeurs que la fenêtre commerciale de décembre obsède déraisonnablement; après avoir risqué le paddle-elbow sur les derniers modèles de bécanes (en l'occurrence la chaque jour plus attachante Dreamcast, dont il s'est déjà vendu 1,5 million d'exemplaires aux Etats-Unis) comme sur les plus sexy ou incontournables des derniers jeux sortis, au risque du bug neuronal (de FF8 en TR4, de Rayman 2 en Alpha Centaury, de Nomad Soul en Sim City 3000, sans compter ce maudit Kurushi Final dont on ne décroche pas); c'est là, donc, après avoir, en boulimique scrupuleux, englouti et vomi tout ce qu'il est humainement possible de jouer, que déjà on s'impatiente.
C'est la faute à l'industrie du jeu vidéo elle-même et au carrousel frénétique d'annonces qu'elle déverse en pluie ininterrompue sur nos mirettes écervelées. A peine réveillés, encore tout barbouillés d'un festin qu'on serait bien en peine d'achever, on se surprend à rêver à ces lendemains tout proches et pour lesquels on nous fait miroiter monts et merveilles. Et pas de la pignolade prospective, rien que du concret.
Il y a d'abord ce Shen Mue, un jeu de rôles pour Sega qui sortira à la fin de l'année et qu'on nous promet d'une complexité et d'une richesse prodigieuses. Ce sera en tout cas le premier RPG (grande spécialité japonaise) sur 128 bits