Le modèle, qui prône l'économie du don, a de quoi hérisser les
dirigeants d'entreprise. Le logiciel libre est cependant un sujet très sérieux qui mobilise informaticiens, théoriciens, économistes et juristes autour de la notion de création collective, de travail collaboratif en réseau et de gratuité. A la différence des programmes vendus dans le commerce, ceux-là sont «librement» diffusés avec leur code source (leurs secrets de fabrication), pour que tout un chacun puisse les copier, les modifier et les utiliser comme bon lui semble. Un modèle souvent appelé «copyleft», par opposition au copyright en vigueur sur les logiciels «classiques». «Le copyleft, c'est la liberté contre le libéralisme», affirme Antoine Moreau, artiste et co-organisateur de Copyleft Attitude, ce week-end à Paris, manifestation qui tente de rapprocher le monde de l'art et la planète des «linuxiens» (du nom du plus célèbre des logiciels libres, le système d'exploitation Linux) (1). Parce que «l'économie propre à l'art est une économie du don, du partage et de la valeur ajoutée à ce qui n'a pas de prix» et que, «sans le savoir, de nombreuses pratiques artistiques participent à cet esprit de copyleft», ajoute Antoine Moreau, sans doute l'un des plus actifs des «webartistes». Ce vilain mot recouvre des pratiques communautaires nées avec l'Internet, qui ignorent la notion d'oeuvre, lui préfèrent la communication illimitée, et revendiquant «l'humilité de la création artistique, puisque le chef-d'oeuvre, c'est