On savait qu'il avait pris du galon. En dix ans, le diesel a fait
des progrès. Moins sale et plus véloce, il est parvenu à faire oublier le mazout à papa, juste bon à gaver une camionnette de livraison.
Surenchère. Mais depuis quelques mois, ce réhabilité dépasse les bornes et se la joue haut de gamme. S'offrir un diesel aujourd'hui, c'est voter luxe et sport, et user d'une curieuse équation: le mazout pour les riches et l'essence pour les pauvres. L'économie à la pompe? Juste un alibi pour s'offrir les autos les mieux équipées et les plus chères du marché. Record du genre, la BMW 740D, qui s'affiche à 509 000 francs. Elle propose l'utile, le futile et même la télé à bord. Chez Volkswagen, c'est la surenchère. Une nouvelle berline de luxe devrait débarquer dans deux ans et elle sera propulsée par un énorme V10 diesel de 313 CV. Son prix, prévu pour faire fuir les manants, ne saurait s'abaisser en deçà de 700 000 francs. Mais on peut aussi flamber devant ses voisins en mazout Audi ou Mercedes, à peine moins chères. Toutes marques confondues, on ne cache plus les sigles flanqués à l'arrière: D, TDI, TID et autres DTI. L'option gratuite, que tous ces constructeurs proposaient jusqu'ici et qui consistait à retirer discrètement ces lettres honteuses du coffre, n'est plus de mise. Alors, pour le lancement prochain de sa 607, Peugeot a pensé diesel avant tout, mais diesel à 300 000 francs. Fleuron du fleuron de la marque, c'est l'auto qui doit détrôner les allemandes dans le coeur