Il donnerait un père, une mère, beaucoup de petits et un inconscient
à n'importe quel meuble. «Regardez cette chaise en métal chromé de Marcel-Louis Baugniet (1928). Elle a un air de famille avec les chaises Dr Sonderbach (1983) et Von Vogelsang (1985) de Starck», jubile Pierre Staudenmeyer. Starck a une grande culture documentaire du design, et le don de repérer, dans un objet-icône, ce reste contemporain. Il régénère les choses. C'est peut-être cela «être Starck»!
Avec la star-designer, Staudenmeyer a formé, à partir de 1984, un couple, déterminant de frères ennemis. Le galeriste érudit de Néotu (1) a défendu le néobaroque de Garouste et Bonnetti, avec une politique d'édition limitée, tandis que Starck a prôné, l'industrialisation, pour le plus grand nombre des objets. Alors pourquoi le cocommissaire (avec Marilys de la Morandière) de l'exposition «Design 2000, petits enfants de Starck?» s'est-il lancé dans cette démarche de filiation?
«Petits enfants de Starck», un titre racoleur?
Non, il ne s'agit pas de mettre un gros nom et de tirer le bilan d'une oeuvre. Je l'ai déjà fait. Au contraire, je veux me projeter vers l'avenir, et ne pas «fermer» une période. Je me suis demandé si Philippe Starck (inconsciemment?) n'avait pas créé une postérité. L'idée d'une école en France, où l'histoire de l'individu domine (Perriand, Roger Tallon, Paulin), est mal vue. Mais Starck a le don de bien s'entourer, l'intelligence de repérer très vite les talents. Il a marqué une première génératio