Quelques lecteurs bienveillants ont trouvé une consolation aux
plaintes formulées ici même à propos de la disparition des titres de jeux édités pour les arcades et les consoles du lointain XXe siècle (Libération du 9 mars). Ces supports techniques ayant, ces dernières années, évolué à la vitesse d'un Crash Bandicoot, les jeux qui ont permis de les nourrir (et qui ont surtout accompagné, habité, constitué des générations entières de joueurs) sont progressivement portés disparus des réseaux commerciaux: leur format antique et incompatible, leur design primaire, leur ringardise techno en ont fait les parias un peu honteux d'une industrie qui, n'aimant regarder que vers l'avenir, les a voués à l'extinction. Considérés comme les témoins gênants des origines peu gratifiantes et déclassées de la culture du jeu vidéo, ces titres originels peuvent pourtant se lire à la fois comme les brouillons nus d'un champ créatif qui n'en finit pas de s'approfondir et comme les premiers plans d'une île au trésor inviolée. L'idée que ces jeux puissent disparaître parmi les pertes et profits de la seule raison commerciale avait donc quelque chose d'aussi stupide que déprimant. Heureusement, les émulateurs sont là.
Avec ces petites bestioles, «gratuites et au statut légal un peu flou» comme le précise un correspondant, il est en effet possible de faire tourner de vieux jeux dans leur version originale. Des sites entièrement spécialisés dans cette louable lubie font d'ailleurs florès sur le Web, parm