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Sélection digitale. Moi Jeux. X-Box, la boîte noire.

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publié le 24 mars 2000 à 23h19

Deux semaines après le dévoilement du plan X-Box (Libération du 11

mars), les questions les plus embarrassantes commencent à poindre dans le micromonde très réactif du jeu vidéo. Si Bill Gates a si facilement jeté le trouble avec l'annonce d'une console de jeux construite par Microsoft et commercialisée en 2001, c'est d'abord parce que son geste manque de lisibilité industrielle et, si l'on ose dire, philosophique.

Premièrement, Microsoft n'a jamais rien construit: c'est un producteur de programmes, pas de machines, et il lui faut donc commencer par se bâtir une légitimité sur ce terrain-là. Deuxièmement, le marché de la console, effectivement explosif, n'en est pas moins encombré: trois gros constructeurs se le partagent, tous japonais (Sony, Nintendo, Sega), au prix d'une concurrence saignante dont tous ne sont pas assurés de sortir vivants. Troisièmement, et c'est là un point crucial, ce marché a pour caractéristique majeure et paradoxale de ne pas rapporter d'argent directement: c'est avec les jeux que se font les bénéfices, pas avec les bécanes, souvent vendues sans marge, voire à perte. Il faut donc en déduire que c'est avec les logiciels de jeux pour sa X-Box que Microsoft entend gagner de l'argent. Or, quatrièmement, Microsoft en gagne précisément beaucoup avec les jeux PC que la compagnie édite, pompe à finance quasiment captive que Bill Gates et ses émules n'ont aucun intérêt à phagocyter. Du coup, et cinquièmement, Microsoft se trouve dans l'obligation de lancer, en