Il y a, dans la voix de Laetitia, les accents rauques de la nouvelle
technologie se mêlant aux râles des plaisirs qu'elle doit filmer avec sa petite caméra. Laetitia, charmant prénom. On lui téléphone du côté de Montpellier, il est tard, elle est en plein shampooing, promet qu'elle rappellera d'ici une heure «Vous savez, mes cheveux sont très très longs.» Laetitia en tout cas a les pieds au sec et la tête bien faite: elle est aux commandes d'une petite holding virtuelle. Trois sites, laetitia.com, «pour l'international, avec une galerie de photos qui retracent toutes les photos et tournages de mes films», laetitia.fr, «c'est du live, avec des jeunes filles qui travaillent de chez elles, c'est encore plus réaliste». Et enfin, club-laetitia.com, «c'est du Laetitia exclusivement, pas de photos de films, moi, ma vie, mes copines, mes interviews». Le tout est évidemment payant. Car l'industrie du sexe, fût-elle liée aux hauts débits, n'entend pas céder à la collectivisation des terres et à la redistribution gratuite. Et c'est normal en ce siècle du «(c)lick and mortar».
La présence de Laetitia sur le site n'a pourtant rien d'une explosion subite, et serait plutôt le fruit d'une réflexion peu désintéressée. «Je suis en fait la seule et première femme à avoir fait du X amateur, en 1991.» Depuis, Laetitia s'invite donc chez les requérants avec sa caméra, et a tourné plus de 350 films. Pour résumer: «Je me rends chez les couples, je les filme, je participe aux ébats, je rentre, je mo