Web. «Konnichiwa, Daniel-San, genki desuka?» Autrefois réservée à
l'élite polyglotte sortie des grandes écoles, la langue japonaise s'insinue avec une facilité déconcertante dans les conversations de tous les jours, résultat direct d'une vague d'admiration béate pour tout ce qui a le goût nippon. Née discrètement dans l'Hexagone voilà quelques années, via la mode des mangas quoi de plus gratifiant auprès des copains que de lire le dernier Dragon Ball dans sa langue d'origine (1), ladite vague n'en finit pas de déferler dans tous les domaines artistiques et culturels, relayée par l'Internet: Takeshi Kitano est très tendance depuis Hana-Bi, Ryuichi Sakamoto est sorti du ghetto des mélomanes intégristes (2), et on n'a jamais mangé autant de sushis place de la Bastille" Des dizaines de sites web proposent des méthodes pour apprendre les principes de base de la langue (3). Certains proposent même du son ou des animations pour inculquer l'art de l'écriture des kanjis, les fameux idéogrammes qui se retrouvent soudain tatoués sur d'innombrables épaules (4). Un logiciel téléchargeable gratuitement permet de visualiser les caractères japonais sur les navigateurs occidentaux (5). Le Web est devenu incontournable pour se repaître des aspects les plus branchés de la «japomania»: entre les photographies glauques de Nobuyoshi Araki (6), les romans désabusés de Ryu Murakami (7), les technologies aussi galopantes que le chien-robot Aïbo de Sony et le cinéma de Kitano (8), on trouve depuis