«La femme est là. C'est un pilier, un soldat a plein de piliers. Une femme comprend le système du pilier.» C'est la lecture d'Avant-Garde de Marieluise Fleisser qui a inspiré à la jeune romancière Anne Théron
le Pilier (éd. Comp'act), son premier texte de théâtre dont elle signe également la mise en scène. Tardivement reconnue comme écrivain, Marieluise Fleisser y narre, par le biais d'une fiction à peine déguisée, son «apprentissage» dans l'ombre du grand Brecht dans le Berlin d'avant-guerre. Elle débarquait alors à peine de sa Bavière natale, toute jeunette et fort influençable, préférant consacrer son énergie à l'oeuvre du dramaturge qu'à sa propre écriture. Elle mettra des années à s'en libérer. La solitude de la femme créatrice traverse tous ses écrits. C'est le même thème qui occupe la pièce d'Anne Théron, sous un aspect parfois un peu réducteur, surtout pour ceux qui ignorent le récit de Fleisser. Son écriture est radicalement différente, inégale, tour à tour drôle et agaçante. Le contenu de la pièce abonde en détails authentiques qui intéresseront les brechtiens. Derrière cette histoire d'homme et de femme, se dessine aussi quelque chose des rapports auteur-metteur en scène-acteur qui ne manque pas d'intérêt. L'originalité de cette proposition tient davantage au choix d'une mise en scène très formelle, au travail scénographique et au jeu singulier des acteurs, en particulier Caroline Proust, très juste dans le rôle de Polly (un prénom bien de chez Brecht), la jeune fe