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Libération

La BNF a les yeux crevés.

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publié le 9 juin 2000 à 2h04

Il faut le printemps pour découvrir la chose. En hiver, on aura perçu un accroc, par-ci, par-là, suivant le côté qu'on a choisi pour l'ascension, mais sans y prêter garde: on a rarement le courage de braver la météo qui règne sur ces cimes au point d'en mener une exploration systématique. Là, en ce moment, par temps attiédi et pas trop venteux, on peut se laisser aller à arpenter à fond l'esplanade désolée de la BNF, sa nudité aride, hérissée d'angles et de barres métalliques. Et, quand on en fait le tour entier, passant du panorama de la Seine, au nord, à l'étrange et vaste horizon de grues, de fosses cimenteuses et de rails sales qui préfigurent (?), au sud, la réalisation de la future «avenue de France», là donc, peu à peu, on se rend compte. Du nombre de vantaux cassés qui éborgnent les façades vitrées de la bibliothèque. Au début, on ne fait pas trop attention. Et puis, l'accident se répétant on commence à compter: quatre, six, huit, onzeÉ Pas un côté, recto ou verso, des fameux «quatre livres ouverts», qui, au

rez-de-chaussée, n'arbore un ou plusieurs fracas de verre: des vantaux de portes. Certains sont parfois simplement zébrés de fêlures, d'autres totalement opacifiés par l'effeuillement généralisé de leur surface. A un endroit, côté est, une porte baille à l'extérieur, sur une ouverture approximativement bouchée par un panneau de contreplaqué (quid de la sacro-sainte climatisation de ces tours?).

Bref, vue de son piédestal, l'oeuvre de Dominique Perrault ressemble à