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Libération

Will Self, écrivain en vitrine.

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publié le 9 juin 2000 à 2h03

Est-ce un pied de nez de l'auteur à ses lecteurs anthropophages?

Un détournement de voyeurisme?

Une autre manière de jouer à l'arroseur arrosé, un exercice de style à la Queneau ou une performance artistique minimaliste? L'irruption de l'écrivain britannique Will Self sur la scène artistique londonienne interroge, dérange et fascine à la fois les passants, attirés par l'étrangeté de la scène et aussitôt englués, ingérés et régurgités par l'auteur. Chaque après-midi et jusqu'à demain, le créateur des Grands Singes et de Mon idée du plaisir s'assoit devant son ordinateur portable, posé sur un bureau de verre dans une galerie du centre de Londres. Les murs sont blancs, le parquet clair. Seul élément de décoration, l'écran géant, accroché au mur, reproduisant l'écriture de Self comme un artiste ferait une performance sous les yeux du public. Minimaliste, l'installation joue habilement sur le registre du voyeurisme, plaçant le visiteur en position d'assister à la création. Sur l'Internet, des milliers d'individus se mettent en scène, donnant à voir leur intimité, jouant avec l'oeil de la caméra qui cadrera leurs moments difficiles, leurs aventures conjugales ou leurs instants de déprime. Will Self se met lui aussi en scène pour mieux cadrer dans le récit en cours, publié tous les jours dans The Independent, les personnages qui pénètrent dans la galerie. Parfois acerbe, souvent drôle, il détourne le procédé, imaginant des aventures

extraconjugales au perchiste venu le filmer, décriva