De 1973 à 1986, Mona Heftre s'est essayée au chant, à la comédie et à la danse, au sein du Grand Magic Circus de Jérôme Savary. Depuis un an et demi, l'égérie de Rezvani met à profit son talent d'interprète pour jubiler dans l'oeuvre de son compagnon. D'une étonnante fraîcheur, sa voix cristalline maintient les chansons au niveau auquel Jeanne Moreau les hissa dans les années 60 (Le Tourbillon, J'ai la mémoire qui flanche). Connues également par la deuxième égérie de la Nouvelle vague, Anna Karina, ces spontanéités au charme intact sont d'autant plus restées ancrées dans la mémoire, qu'elles décrivent sans détour des états mêlés de félicité et de nostalgie, avec ces mots simples dont la surface épouse la profondeur. Lorsqu'il les écrit sous le pseudonyme de Bassiak, Rezvani est un peintre d'origine russe qui approche de la quarantaine. Avec un sens aigu de la composition, et sans chercher à se soustraire au métier de poète ou de romancier qu'il exercera par la suite, il façonne son écriture avec une légèreté et un rythme dont la répétition évolue dans une boucle de deux minutes - jeux sur la forme si peu prétentieux qu'ils ne se remarquent pas. Accompagnée au piano par Gérard Daguerre, Mona Heftre rend à ces vingt classiques leur troublante insouciance, redécouverte en préface de ce livre-disque par leur auteur : «comme si, après ces trente années de vie et de création passées loin de ces chansons, elles me "revenaient" pour se superposer exactement à mon aujourd'hui, avec l
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