Le compositeur John Cage et le chorégraphe Merce Cunningham ont longtemps collaboré (dès 1942) de manière singulière: chacun travaillait séparément jusqu'au moment de la représentation, qui devenait alors une superposition aléatoire de deux arts. Invitées à leur rendre hommage, dans le cadre du festival Agora de l'IRCAM, les danseuses Olivia Grandville et Emmanuelle Huynh-Thanh-Loan proposent deux visions radicalement différentes. Olivia Grandville a suivi au plus prés la méthode du hasard chère à Cage et Cunningham pour Ryoanji, pièce zen créée avec l'instrumentiste Jean-Pierre Robert, qui a conçu l'installation sonore à partir de partitions de John Cage. Alternant plages d'improvisations et phases d'immobilité, la jeune femme formée à l'Opéra de Paris s'attache à creuser le mouvement dans son intensité et imprime une présence d'une rare qualité. Son interprétation se situe entre isolement méditatif et ouverture extrême à l'espace musical, comme si la danse venait se loger entre les notes tirées de percussions improvisées (une noix, un cactus, le bruit d'un crayon sur une feuille de papier), d'une contrebasse ou de la voix de la mezzo-soprano Isabel Soccoja. L'ensemble s'imbrique de bout en bout dans un équilibre parfait. Emmanuelle Huynh, elle, oppose le silence à un dispositif d'accumulation d'objets. La proposition ne manque pas d'intérêt, mais pour l'heure, le résultat laisse le public sur sa faim. Nothing to say about sera créé dans sa totalité en décembre prochain.
Cen