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Libération
Critique

Géant, ce Gulliver

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publié le 17 juin 2000 à 1h34

Enfants. "Un géant sur la plage !" Gabby le veilleur de nuit, ayant heurté le corps inanimé d'un naufragé échoué sur la rive de Lilliput, court alerter son souverain. Le rescapé se réveille saucissonné, environné d'une multitude de petits bonshommes. Brisant ses liens en se relevant, il s'amuse de la débandade des bipèdes et s'étonne de se retrouver bientôt criblé de projectiles microscopiques : c'est la flotille du souverain d'en face. Il y a beaucoup de péripéties parsemées de romances dans cette version dessinée des Voyages de Gulliver (photo). Pris entre deux feux, le héros de Swift est plus désireux de rabibocher deux teigneux roitelets que de jouer les va-t-en-guerre. Cette bluette anti-belliciste (réalisée à la veille de la Seconde Guerre mondiale) fut aussi un combat de géants opposant deux ténors du cartoon américain. Après le triomphe de Blanche-Neige, les frères Fleischer (des battants qui propulsèrent Popeye sur les écrans) entreprirent de relever le défi disneyen du long métrage. Si l'on relève quelques analogies narratives et stylistiques entre les sept nains de Blanche-Neige et les lilliputiens de Gulliver (à l'avantage des premiers), les effectifs renforcés des Fleischer, moins perfectionnistes que les plus nombreux paladins de Disney (qui avaient déjà Pinocchio, Fantasia et Bambi en chantier), furent assez heureux d'afficher leur premier opus avant qu'un coquin petit pantin (de Collodi version Walt) ne fasse ses premiers pas sur grand écran.

Elysées Lincoln.