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Libération
Critique

Work in progress

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publié le 20 juin 2000 à 1h39

Ce que l'on en a vu hier ne correspond déjà plus à la réalité du jour. Et il en sera ainsi pendant encore vingt-trois ans - "en principe, car, sur une entreprise de ce type, on ne raisonne pas à une année près!" Projet, dit-on, "unique au monde", Guédelon ne peut que susciter respect et admiration, ne serait-ce que pour le caractère démesuré d'une aventure (cf. Libération du 28 juillet 1997) dont le financement repose en grande partie sur les visites (objectif 2000: franchir le cap des 100 000 entrées): construire de toutes pièces un château fort de 51 X 46 mètres, à partir de matériaux trouvés sur place et selon les techniques du début du XIIIe siècle, depuis l'excavation d'une colline perdue dans les sous-bois bourguignons. Pour ce faire, environ 35 personnes, maçons, charpentiers ou forgerons (plutôt beaux mecs: peau mate, mal rasés, catogan, boucle d'oreille... à se demander si on ne les a pas recrutés sur casting), exercent quotidiennement leur savoir-faire, tout en prenant le temps de répondre aux questions des Visiteurs... dans un rapport spatio-temporel inverse à celui des deux films de Jean-Marie Poiré. Début juin, le mur le plus haut de cet anti-Parc Astérix atteignait cinq mètres, sachant qu'au final la tour du logis culminera à 30 mètres. Vêtus comme au temps de Philippe Auguste, avec pour seul anachronisme des chaussures de sécurité, les artisans se disent ravis de leur sort - "ici, on prend le temps de vivre, c'est une grande leçon" -, d'autant qu'ils ont "un p